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Sylvain Wallez
Qui suis-je ?
Sylvain Wallez, dévelopeur logiciel avec des cheveux gris, passionné par cette activité bien avant qu'elle devienne mon métier. Pour tout savoir c'est ici : https://bluxte.net/about/
Qu'est-ce qui m'a donné envie de parler la première fois ?
C'était en 2000, alors que je travaillais dans un grand groupe. Je n'avais pas vraiment envie, mais on m'a dit que j'avais un bon sujet et que ça serait bien qu'on participe à cette conférence. Et comme c'était à Montréal, je me suis dit que ça serait l'occasion de faire ma première visite au Canada (et sur le continent américain, d'ailleurs).
Qu'est-ce qui a été le facteur déclenchant ?
Pour la première, le chef qui a dit que ça serait bien de proposer un sujet 😉
Pour les suivantes, l'envie de parler de mes sujets du moment, pour partager et diffuser les connaissances.
Qu'est-ce qui m'a fait hésiter, m'a empêché de me lancer ?
Le trac. Au début c'est normal. Avec le temps on s'habitue et maintenant il a (presque) disparu. A ma 2ème conférence, dans un grand amphi où tous les gens me regardaient d'en haut, je me suis rendu compte à la fin de la présentation que j'avais mal à l'avant-bras : je m'étais cramponné au pupitre pendant toute la conf comme à une bouée de sauvetage et j'avais une crampe.
Qu'est-ce (qui est-ce) qui m'a aidé ?
Rien/personne en particulier. Juste mon envie de partager sur les sujets qui me passionnent.
Qu'est-ce que ça m'apporte de parler en public ?
- Creuser un sujet : on n'apprend jamais aussi bien que lorsqu'on doit soi-même expliquer.
- Le plaisir de partager et de discuter ensuite avec ceux qui ont assisté à la présentation.
- L'adrénaline de la scène : je me souviens d'une conférence au Capitole du Libre où la salle était pleine à craquer, avec des gens debout sur les côtés. J'ai senti progressivement des vagues d'énergie positive venir du public, qui m'ont boosté et survolté. Je pense que c'est similaire à ce que ressentent les artistes qui se disent "accro à la scène".
- La reconnaissance de mes pairs. Parler à une conférence permet d'établir une réputation, de construire un réseau, ce qui peut ensuite avoir des répercussion professionnelles, et aussi personnelles par les rencontres que ça apporte.
Qu'est-ce qui m'a fait ou donné envie d'arrêter ?
Rien, vu que je continue ! Même si parfois on est dans des conditions difficiles comme cette présentation où le video projecteur a refusé de fonctionner avec mon ordi et qu'il a fallu que je migre la démo live sur l'ordi d'un des organisateurs, et qu'au final je l'ai utilisé comme "assistant" parce qu'il avait une config spéciale que je n'arrivais pas à utiliser.
Ne pas se démonter, avancer, le public est venu pour vous voir, il oubliera vite ces petites déconvenues si l'orateur reste enthousiaste et si le contenu est intéressant. Et puis ces petits problème apportent un surplus d'adrénaline qui rend encore plus enthousiaste et permet d'établir une connexion avec le public : il faut lui dire ce qui se passe, l'inclure dans l'incident.
Combien je passe de temps à préparer un nouveau talk ?
C'est compliqué à dire. Le sujet se prépare en tâche de fond dans ma tête pendant plusieurs semaines. La trame globale se met en place, les choses que je veux montrer, voire même les blagues que je vais faire. Pour la réalisation concrète, si c'est uniquement des slides, je n'arrive pas à commencer avant la veille, voire le matin de la présentation si elle est le soir. Et là, le stress rend productif. Je termine mes slides souvent juste au moment de partir pour le meetup, voire dans le métro ! Mais je pense que c'est juste qu'une fois que je suis en mode "faut y aller", j'utilise tout le temps disponible, quelqu'il soit.
Comment je me prépare ?
Je relis mes slides, mais je ne fais aucune répétition, aucune mesure du temps. Comme je prépare les slides juste avant, j'ai tout en tête. Et côté temps, je ne sais pas comment je fais, peut-être l'habitude maintenant, je suis toujours dans les temps à quelque minutes près, voire pile à l'heure après 1h30, en regardant l'heure une ou deux fois pendant la présentation.
Comment je choisis à quelle conf je propose un talk ?
Celles qui sont pas loin de chez moi (je suis casanier) ! Et sinon celles où on me dit "t'as pas envie de présenter quelque chose à XXX ?" et moi "ah ouais, pourquoi pas". Ou bien parce j'ai envie d'aller là où se déroule la conf.
Comment je choisis de quoi je vais parler ?
Mes sujets du moment, ce qui me passionne, et les sujets où je me sens à l'aise, parce que je sais que cette passion et l'assurance de maîtriser mon sujet vont permettre à la présentation d'être vivante. Mais il faut évidemment que le sujet intéresse d'autres gens que moi, et qu'il soit présenté de façon accessible. Présenter simplement des choses potentiellement compliquées, c'est un exercice de pédagogie intéressant.
Ça peut aussi être un sujet que j'ai envie de creuser, mais où je n'arrive pas à me motiver pour y passer du temps. Savoir qu'il y a une échéance que je ne peux pas bouger m'empêche de procrastiner ! Enfin... j'aimerais bien, et souvent la semaine avant la conférence est bien stressante quand je réalise tout ce qui me reste à apprendre pour construire ma présentation ! Mais chuuut, personne ne s'est jamais rendu compte de rien.
Je fais rarement plusieurs fois la même présentation. Comme la préparation est pour moi un exercice d'apprentissage et de structuration de mes connaissances pour les transmettre, refaire une présentation me frustre un peu. Je pense que je ne pourrais pas être speaker professionnel, qui prépare un jeu de présentations qui sont réutilisées de nombreuses fois dans différentes conférences.
C'est quoi, pour moi, un bon sujet ?
Un sujet qui donnera aux auditeurs l'envie d'aller creuser le sujet dont je viens de parler. J'ai eu ça récemment avec ma présentation au DevFest Toulouse où plusieurs personnes m'ont dit "grâce à ta conf, je me suis décidé à regarder Rust".
Je veux qu'il y ait de la matière, que les auditeurs apprennent quelque chose et sentent pourquoi cette chose me passionne. C'est pour ça entre autres que je n'aime pas trop les slides avec juste 3 mots : sans qu'il soit surchargé, il faut que l'écran affiche des éléments concrets sur lesquels les auditeurs vont ancrer ce que je leur dis. C'est probablement lié au fait que j'ai une mémoire plus visuelle qu'auditive.
Qu'est-ce que j'ai découvert qui m'a étonné en commençant à parler ?
Cette énergie positive qu'on reçoit d'un public qui vient là pour vous, parce qu'ils ont envie d'écouter ce que vous allez leur raconter.
Ce qui veut dire d'ailleurs qu'il ne faut jamais s'excuser si un slide est un peu de travers où une video pas super fluide : le public ne le voit pas, et si vous le dites il ne verront plus que ça.
Une histoire que j'aurais envie de raconter sur ce qui s'est passé quand / après que j'ai parlé ?
Voir ci-dessus, la crampe dans le bras en m'accrochant au pupitre-bouée, et la conf où le projecteur ne voulait pas de mon ordi !
Et ce plaisir de croiser, des mois ou des années plus tard, des gens qui me disent "ah oui, j'avais vu ta conf sur tel sujet, c'était vraiment super, j'ai appris plein de trucs, merci". Ça motive pour continuer cet exercice particulier de partage et de transmission.